Je ne vais pas pleurer, Chen Jiang Hong, l’école des loisirs – L’album, illustré d’une façon « chinoise », avec de nombreux détails qu’on a plaisir à chercher, raconte la journée du jeune Bïn Bïn sur un marché chinois où il est venu avec ses parents. Bien vite, absorbé par le spectacle du marché, il perd de vue ses parents. Il va admirer la troupe d’opéra traditionnel, le théâtre de marionnettes, puis les nombreux éventaires, ateliers, artisans (y compris le médecin, le fabricant de figurines soufflées).
Chut chut, Minfong Ho, , ill. Holly Meade, albums du albums du Père Castor, Flammarion – On adore cette histoire, qui se lit (avec l’enfant, qui répète bien vite les refrains) sur un rythme de berceuse. Une maman thaï tente d’endormir son petit enfant dans son hamac, mais les animaux de la forêt tropicale environnante font trop de bruit : on voit un moustique mais aussi un lézard, un mulot, une grenouille, une truie, un gibbon, un buffle et même un éléphant. A chaque fois, le nouvel intrus se laisse apercevoir dans la page précédente. Et pendant ce temps, le bambin…
Europe
Vieux frère de petit balai, Laurence Delaby, ill. Michelle Daufresne, albums du Père Castor, Flammarion – Un album émouvant, de 1972, que j’ai retrouvé avec plaisir. Un balayeur africain, qui se sent seul, parle avec son balai. Un jour il trouve une moufle, il tente en vain de trouver son propriétaire. Il accroche alors la moufle au dessus de son balai, qui va finir par retrouver l’enfant qui l’a perdu.
Histoires d’amitiés
Histoires traditionnelles
Poule rousse, vieux conte nouvellement raconté par Lida, ill. Etienne Morel – Poulerousse est une parfaite ménagère, elle a toujours un ciseau et du fil sur elle. Elle est grande amie de la tourterelle. Un jour le renard attrape Poulerousse, qui arrive à s’échapper grâce à la ruse de la tourterelle et à son attirail de couture. Histoire et contexte vieillots mais sympathiques, l’album fait partie de la culture de la littérature enfantine.
Histoires d’amour
Léon et Albertine, Christine Davenier, l’école des loisirs – C’est l’histoire d’un cochon, Léon, qui est amoureux d’une poulette, Albertine. Alors il va demander conseil à ses copains de la ferme. Chacun lui donne des conseils en fonction de ses talents, que Léon applique, mais Albertine ne le remarque pas. Jusqu’au jour où lassé, découragé, il accepte la proposition de son copain Gaston de patauger gaiement dans la boue. Et là, Albertine est là…
Lors d’une promenade, le Méchant, Méchant Loup rencontre la Mère Poule, en train d’accrocher sa lessive. Ce qu’il voit lui plaît et il se propose de manger la poule avant d’emporter son linge, de belle qualité. La Mère Poule, maligne, lui propose de déguster, en hors-d’oeuvre, une de ses spécialités : la soupe aux cailloux…
Humour
Il ne faut pas habiller les animaux, Judi Barret, ill. Ron Barret, l’école des loisirs – Un petit livre d’humour anglais, notamment grâce aux dessins où l’on voit comment de pauvres animaux s’emberlificotent dans des vêtements.. jusqu’au clin d’oeil final.
C’est moi le plus fort, Mario Ramos, l’école des loisirs – Un loup, en mal de reconnaissance, se promène dans la forêt. Il souhaite que chaque personne rencontrée (le petit chaperon rouge, les trois petits cochons, etc.) lui rappelle combien il est fort, féroce, grand et méchant. A chaque rencontre il se rengorge et se sent mieux. Jusqu’à ce qu’il rencontre une espèce de petit crapaud…
Philippe Corentin
J’apprécie les retournements de point de vue dans les histoires de Philippe Corentin…
L’ogre le loup la petite fille et le gâteau, Philippe Corentin, l’école des loisirs – Où l’ogre est confronté à un problème (un classique en mathématiques me dit Fredy) : comment faire passer dans son bateau à une seule place supplémentaire un loup, une petite fille (qui risque d’être mangée par le premier s’il les laisse seuls sur l’autre rive) et un gâteau (qui risque d’être mangé par la seconde s’il les laisse seuls…). Le gâteau a une bonne bouille expressive et la fin est inattendue.
Papa ! Philippe Corentin, l’école des loisirs – Un petit garçon et un petit monstre font un cauchemar : le papa monstre arrive pour consoler le petit monstre qui a vu un petit garçon dans son lit…
Plouf ! Philippe Corentin, l’école des loisirs – C’est l’histoire d’un loup qui tombe dans un puits et qui trouve des ruses pour remonter en faisant descendre d’autres animaux, dont une famille de lapin qui bien entendu sera plus rusée…
Le chien qui voulait être chat, Philippe Corentin, l’école des loisirs – Routoutou, chien de chasse mais pas content de l’être (c’est trop fatigant), parvient à échapper à son maître et à se faire inviter chez Grandoreille, un lapin. Il ne veut plus être chien de chasse, il veut être lapin. « Tu es fou, tu veux finir en civet ? » lui répond Grandoreille. Alors ils passent en revue tous les métiers que Routoutou pourrait faire, mais, comme le dit le lapin : « Ou tu travailles, ou tu finis dans une casserole ! ». Finalement Routoutou trouve l’idée d’être chat. Alors Grandoreille lui donne des leçons (très drôles : après avoir appelé Routoutou, qui arrive : « « Première leçon ! » hurle le professeur. « Un chat ne vient jamais quand on l’appelle ! » »). Mais toutes les places de chat sont déjà prises… Alors Routoutou trouvera une dernière solution…
Claude Ponti
L’Ile des Zertes, Claude Ponti, l’école des loisirs – L’histoire d’un petit Zerte qui vit avec son copain Diouf le clou, en évitant de tomber dans le trou (le trou s’amuse à se mettre devant des gens qui ainsi tombent dedans), en évitant les crises du martabaff tout en jouant avec lui, qui est amoureux de la brique… On adore cette histoire loufoque, les détails du dessin, l’histoire d’amour finale…
Le A, dans la série Tromboline et Foulbazar, Claude Ponti, l’école des loisirs – Des images rigolotes et expressives à la Claude Ponti où le grand A rouge émet des HA HA HA quand on le chatouille, un AAAA quand on le lance puis un Ahhh de soulagement, et enfin un AH ! de frayeur en agitant ses nombreuses petites mains.
Le bébé bonbon, dans la série Tromboline et Foulbazar, Claude Ponti, l’école des loisirs – Où Tromboline et Foulbazar rencontrent un bonbon qui avance, décident de le suivre plutôt que de le manger tout de suite (« comme ça, on pourra aussi manger son papa, sa maman, ses frères… »). On apprend ensuite que c’est la fourmi-à-grosse-voix qui portait le bonbon et qui sait d’où il vient. C’est de nouveau un charmant mélange de fantaisie et de vie quotidienne.
Les chaussures neuves, Claude Ponti, l’école des loisirs – « Monsieur Monsieur s’est acheté des chaussures neuves ». Il les promène, dort avec et enfin un jour les essaie, mais les chaussures sont encore jeunes, elles aiment surtout courir et sauter…
Blaise dompteur de tache, Claude Ponti, l’école des loisirs – Des jeux de mot, des événements absurdes (le mur s’en va pour ne pas être sali), des tournures drôlatiques (« si on pose les chaises d’une certaine manière, on peut aussi s’asseoir dessus »)…
La tempête, Florence Seyros et Claude Ponti, l’école des loisirs – Des dessins expressifs qui montrent la force de la tempête, la chaleur de la famille de Clarisse qui décide de s’installer dans le lit de la petite souris, lit qui finit par devenir un bateau…
Petit prince Pouf, Agnès Desarthe, Claude Ponti, l’école des loisirs – Le précepteur du fils du roi, Monsieur Ku, lui apprend trois choses qui semblent inutiles à ses parents et surtout au grand chambellan. Mais face à la fausse guerre organisée pour mettre en défaut Monsieur Ku, Pouf parvient à démasquer Bougris grâce à ces trois apprentissages. J’aime bien la structure du livre, tout en le trouvant un peu décevant.
Grégoire Solotareff
Non mais ça va pas ?, Grégoire Solotareff, L’école des loisirs – Un petit éléphant naïf échappe à un féroce crocodile qui s’ennuie. L’éléphanteau propose au crocodile de faire sa demande plus gentiment, mais ça ne marche pas bien, les crocodiles étant de notoriété publique « gourmands » (j’ai remplacé le mot « méchant » qui n’a pas de sens par gourmand ou affamé). Bref c’est gentiment absurde.
C’est le même auteur qui a commis « Loulou et autres loups », cinq dessins animés inventifs et assez bien réussis.
Réfléchir
La plus mignonne des petites souris, Etienne Morel, Père Castor – Passons sur le côté sexiste de la plus « mignonne » des petits souris, douée pour le ménage, la cuisine, la couture et que son père cherche à marier ! Il cherche le prétendant qui sera digne de sa fille, le plus puissant du monde, à savoir le soleil. Mais le soleil n’est pas le plus puissant puisque les nuages le cachent. Alors de personnage en personnage, on réalise que la notion de puissance est bien relative. Tout est bien qui finit bien évidemment.
Tête de lard chez Thierry Magnier
Pourquôôââ?, Voutch – Une petite grenouille demande à sa maman grenouille : pourquoi? chaque fois que sa maman fait une proposition (aller se coucher). A la fin, alors que la petite grenouille se rappelle combien elle aime la glace à la mouche, la maman répond : pourquoi? Pour moi, sur un ton rigolo, ce livre montre le caractère dépourvu de sens de la quête du pourquoi.
Un coeur qui bat, Virginie Aladjidi et Joëlle Jolivet – « Sur la terre, savez-vous ce qu’il y a? Un pays (…) Dans ce salon savez-vous ce qu’il y a? Un fauteuil (…) Dans cette maman savez-vous ce qu’il y a ? Un bébé (…) » Une descente vertigineuse de l’échelle de l’univers jusqu’au battement de coeur du bébé…
Ceci est un livre, Antonin Louchard, Martin Jarrie – Sur des dessins et une idée à la Magritte, on passe du « Ceci n’est pas une pipe » à « Ceci n’est pas une patte, ceci n’est pas une pâte », des jeux sur les mots.
Baisers de papier, Raùl – « Dans son berceau, Rebecca rêve. Elle rêve qu’en tournant cette page, les deux dessins joignent leurs lèvres et que le chat et la souris se font un baiser ». Puis toutes les pages se feront des baisers plus ou moins idéalistes, absurdes ou osés, jusqu’au clou final, la sucette et Rebecca…
La promenade de Flaubert, Antonin Louchard – « Flaubert se promène. Le vent se lève. Flaubert perd son chapeau … et ses lunettes. Il perd aussi la tête…. Zut! Ses bras (…) » Puis sa femme le rencontre et le remonte à l’envers. Puis le vent se relève… Mes filles aiment bien le caractère absurde et le bonhomme tout mélangé.
Sur la naissance
Comment on fait les bébés, Babette Cole, Balthazar
Les parents arrivent devant leurs enfants pour leur dire : « Bon vous êtes assez grands pour qu’on vous explique comment on fait les bébés ! », ils leur débitent des tas d’âneries (choux, graines à faire pousser en pot…), devant lesquelles les mômes explosent de rire avant d’expliquer à leurs ignares de parents comment on fait vraiment, croquis à l’appui…
Le parcours de Paulo, Nicholas Allan et Isabel Finkenstaedt
C’est l’histoire du périple d’un spermato très fort en natation.
Un bébé de printemps, Elisabeth Reichling et Lancelotte Fontaine
C’est un livre de naissance basé sur l’échange et pas sur les mesures traditionnelles.
« Dis-moi maman, c’est comment dehors ? Raconte moi à quoi ressemble le monde.
Dehors, mon bébé, c’est l’été. La chaleur de l’été a fait s’épanouir les fleurs, les animaux cherchent la fraîcheur. Mais au creux de moi, mon bébé, tu ne crains pas la brûlure du soleil.
Maman, mais un jour l’été reviendra de nouveau. Lorsqu’il fera encore si chaud, j’aurai très soif.
Non mon bébé, car le lait de mes seins coulera toujours pour toi.
Tu n’auras jamais soif. Et bébé s’endort, rassuré (Photo de bébé qui boit, à coller ici). »
La naissance, Agnès Rosenstiehl
Il commence par une illustration d’une petite fille en train de le feuilleter qui dit :
« … On peut le colorier ce livre? » « Comme tu veux, Mimi : il est pour toi, ce livre ! »
Vie de la nature
Les plantes
Une si petite graine, Eric Carle, Mijade – L’histoire d’une toute petite graine, emportée très loin par le vent, qui s’endort pour l’hiver. Au printemps, la graine finit par pousser, petitement puis de plus en plus grande. Puis l’automne arrive. Il n’arrive rien de très spécial, mais les dessins sont originaux et sensibles.
Toujours rien ? Christian Voltz, éditions du Rouergue -L’histoire d’un bonhomme qui plante une graine dans un ENORME trou, qui l’arrose et qui vient la voir chaque jour. Un jour il ne vient pas car il en a assez de ne rien voir sortir. Ce jour là la fleur a poussé et un oiseau la vole. Le bonhomme revient le lendemain et se dit « TOUJOURS RIEN? »
Les animaux
J’étais comment quand j’étais bébé, Jeanne Willis, Tony Ross, Folio benjamin – Tous les petits animaux demandent à leurs parents comment ils étaient quand ils étaient bébés. Tous ressemblaient à leurs parents… sauf le bébé grenouille qui apprend qu’il était un têtard Il aura besoin de l’aide de ses frères et soeurs, qui chantent l’évolution du têtard, pour accepter cette nouvelle.
De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête, Werner Holzwarth, Wolf Erlbruch, Milan jeunesse – C’est écrit d’une façon très drôle et à la fin, on connait toutes les façons dont les animaux rencontrés font des crottes.
Vie quotidienne
Vie de tous les jours
La princesse coquette, Christine Naumann-Villemin, ill. de Marianne Barcilon – De très chouettes illustrations mignonnes et bien pensées, qui racontent la tenue de princesse qu’Eliette veut mettre et les conseils vestimentaires de sa mère -il neige dehors. Finalement les conseils maternels s’avèrent judicieux pour jouer dehors à Tarzan ou au ballon avec ces mêmes habits très très chauds mais « pas très beaux ». Conclusion en pirouette, le lendemain elle sera une princesse coquette ! (en revanche les autres de la série la Princesse sont moins bien, dommage)
Mon doudou, Tony Ross – Un livre qui se lit des deux côtés, plaidoyer pour le doudou et pour l’imaginaire de l’enfance, les adultes étant présentés comme rigides et absurdes. De chaque côté on lit l’histoire d’un enfant avec son doudou : pour Marie, le doudou la protège, « c’est le gros ours blanc qui veille sur moi ». Pour Charles, le doudou se transforme en élément d’aventure : à la fin en tapis volant qui s’oppose à un gros ours blanc…
La petite princesse, Tony Ross – On aime bien toute cette série avec cette petite princesse malicieuse qui sait ce qu’elle veut. Les fonctions parentales sont représentées par différents adultes assez puérils. Il y a des phrases amusantes (« Parfois, la princesse jouait des tours à son p’tit pot. Parfois, le p’tit pot jouait des tours à la princesse »), des retournements de situation (« Je veux ma petite princesse ! » dit par la maman alors que pendant tout le livre le refrain était « Je veux ma maman »), des phrases impertinentes (« Est-ce que TU t’es lavé les mains ? » adressé à la gouvernante qui insiste sur les raisons de se laver les mains). On aime particulièrement Je veux ma maman. Sympas aussi : Je veux mon p’tit pot, Je veux grandir, Lave-toi les mains, Je ne veux pas aller au lit.
La famille cochon, Marie-Agnès Gaudrat, Colette Camil, Bayard Poche – J’aime bien ces histoires bien écrites, où des détails du quotidien sonnent très juste, où le dessins accompagnent précisément le texte (la table chez mamie avec les fleurs / pétales rapportées par les enfants à leur mamie), où les adultes font attention aux enfants. On aime particulièrement : En vacances chez Mamie Cochon, La famille Cochon aux sports d’hiver, La famille Cochon part à la mer, La famille Cochon déménage.
Tentatives de manipulation d’enfant…
La tétine de Nina, Christine Naumann-Villemin, ill. de Marianne Barcilon – Un livre joliment illustré, bien écrit, drôle, destiné à faire abandonner la tétine aux enfants… Mais les enfants sans tétine aiment l’écouter : les dessins où Nina est montrée dans des situations adultes mais avec sa tétine, le moment où elle ne se démonte pas face au loup féroce et affamé, ou lorsqu’il devient « tout doux, tout mou, gros doudou », leur plaisent bien.
La soupe à la grimace, Hélène Leroy, Eric Gasté, Bayard Poche – Georgette vivait heureuse avec sa mère, sauf le mardi soir où il y avait de la soupe à la biscotte et au chou à diner. Sa mère la menaçait alors : « Mange, sinon… le Crackmiam va venir te chercher ! » et Georgette mangeait l’affreuse soupe en se pinçant le nez. Mais un mercredi, elle part à la recherche du Crackmiam… et elle le trouve ! Elle se rend compte que le Crackmiam adore la soupe à la biscotte et l’invite à diner le prochain mardi soir. Le mardi suivant, la soupe est sur la table, la mère menace… et le Crackmiam arrive, ce qui fait pousser un grand cri à la mère. À Georgette qui lui dit que c’est le Crackmiam, la mère répond : « Mais non, les Crackmiams n’existent pas, c’était pour te faire manger ta soupe ». Depuis ce jour, il n’y a plus de soupe à la biscotte le mardi soir, et la mère soupire parfois : « Il savait apprécier les bonnes choses ce Crackmiam »… (Je trouve que le texte sonne mal au présent, alors quand je le lis je le mets au passé.)